Histoire et patrimoine
Loches constitue l’une des forteresses médiévales les mieux conservées d’Europe. Construite au bord de l'Indre, elle doit son existence à un éperon rocheux dominant la vallée, premier lieu d'implantation.
Loches est citée pour la première fois au VIe siècle par l’historien Grégoire de Tours, qui mentionne la fondation d’un prieuré par l’ermite Ursus (saint Ours). Un castrum gallo-romain existe alors avec certitude au sommet de l’éperon rocheux, sans que l’on puisse encore déterminer sa forme.
Vers l’an 900, la ville entre dans les possessions angevines. Durant plus de trois siècles, les comtes d’Anjou, bientôt rois d’Angleterre, font de Loches une forteresse imprenable. De Foulques Nerra à Richard Cœur de Lion, en passant par Henri II Plantagenêt, les comtes d’Anjou ont été les bâtisseurs d’un ensemble fortifié exceptionnel encore en grande partie conservé : une tour maîtresse (le donjon) et un palais comtal (disparu) aux dimensions presque inégalées ; une collégiale (actuelle église Saint-Ours) au profil unique ; une double ceinture de remparts protégeant l’ensemble du promontoire rocheux, munie de plusieurs portes fortifiées et de trois tours en amande monumentales.
Malgré ses atouts, la forteresse de Loches est prise en 1205 par le roi de France, Philippe Auguste. À partir de 1249 et jusqu’à la Révolution française, Loches détient le statut de ville royale, administrée directement par des gouverneurs. Du XIVe siècle au début du XVIe siècle, plusieurs rois de France séjournent à Loches (Charles VII, Louis XI, François Ier). La construction de logis royaux au nord de l’éperon rocheux, en remplacement de l’ancien palais comtal, en témoigne.
Dès le XIIIe siècle, une ville s’installe au pied de la forteresse, protégée à son tour d’une enceinte, dont deux portes subsistent. Au XVIe siècle, elle connaît une certaine prospérité, bénéficiant d’une situation importante sur la route commerçante de Paris en Espagne. Parallèlement, Loches est dotée de tous les grands services administratifs, judiciaires et financiers. À ce titre, elle tient un rôle majeur en Touraine, comparable au pouvoir d’Amboise et de Chinon. Enfin, la ville se dote de nombreuses constructions publiques et privées de style Renaissance, dont certaines constituent des exemples d’innovations exceptionnels pour l’époque, comme l’hôtel de ville, la tour Saint-Antoine et la Chancellerie.
Après la Révolution, Loches devient sous-préfecture, statut qu’elle conserve. Sous le Second Empire, elle s’équipe de plusieurs bâtiments publics comme le palais de justice, la gendarmerie ou les anciennes écoles de filles et de garçons.
Malgré les modifications subies au cours des siècles, la ville de Loches conserve encore une très grande partie de son héritage médiéval et Renaissance, donnant à lire 1 000 ans d’histoire et d’architecture. En 1968, dans le cadre de la loi Malraux, son centre historique remarquablement préservé devient un "secteur sauvegardé". Depuis 2000, Loches fait également partie du réseau national des Villes et Pays d’art et d’histoire.